Les forêts communautaires du Cameroun sous la menace
Les moyens de subsistance des communautés vivant dans la forêt tropicale côtière du Cameroun sont menacés par le projet controversé de plantation d’huile de palme proposépar Herakles Farms, une société agro-alimentaire basée à New York. Cette plantation émettrait des quantités massives de carbone, selon de nouvelles enquêtes de Greenpeace USA.
“Le projet d’Herakles Farms peut très bien être perçu comme un exemple au sens large d’accaparement des terres en Afrique. La société n’y voit qu’une occasion de faire de l’argent, ignorant le fait qu’elle détruirait une forêt tropicale de grande biodiversité, et au détriment des moyens de subsistance de la population locale,” dit Irène Wabiwa, Chargée de la campagne Forêts pour Greenpeace Africa.
Paru aujourd’hui, le rapport "Herakles Farms in Cameroon: A showcase in bad palm oil production" (Herakles Farms au Cameroun: un exemple de mauvaise production d’huile de palme) décrit comment au moins 85% des 73,000 hectares d’une concession dans le sud-ouest du Cameroun, sont constitués de forêt naturelle dense. Cela veut dire que près de 9.5 millions de tonnes de carbone pourraient être relâchées dans l’atmosphère une fois la zone rasée, soit l’équivalent de tout le carbone émis en une année par presque 7 millions de voitures [1]
Le rapport expose aussi comment la société Herakles essaie de pousser le projet, malgré le fait qu’elle soit en infraction avec la loi nationale, malgré de grosses incohérences dans son étude d’impact environnemental, et malgré l’opposition des résidents.
“Nous travaillons dans cette région depuis 17 ans. La plantation proposée s’établit au cœur de 5 zones protégées et toute tentative d’ouverture aura des effets catastrophiques pour l’environnement,” dit Nasako Besingi, Directeur de l’ONG camerounaise, SEFE, qui milite contre le projet depuis plusieurs années.
Les opposants au projet au Cameroun, y compris Besingi, ont été sujets à des intimidations et arrestations arbitraires. La zone de concession, d’un taille d’environ 100,000 terrains de football, abrite des espèces en danger, telles que la sous-espèce de Chimpanzé Nigeria-Cameroun, l’Eléphant des forêts et le Drill, ainsi que de nombreux amphibiens, oiseaux et animaux rares.
“Herakles Farms a désigné Nestlé, Unilever, McDonalds et Walmart comme clients potentiels pour son huile de palme, ce qui est impossible. Ces sociétés se sont engagées à des politiques d’achat qui ne leur permettent pas d’acheter de l’huile de palme à des compagnies comme Herakles ,” dit Rolf Skar, Directeur de la campagne Forêts pour Greenpeace USA.
L’an passé, la filiale d’Herakles Farms’ au Cameroun SGSOC, a retiré son adhésion à la Table Ronde sur l’Huile de Palme Durable (RSPO) démontrant son incapacité à satisfaire les standards de la certification même les plus basiques et imparfaits de l’huile de palme.
La production d’huile de palme en Afrique sub-saharienne s’est largement répandue ces dernières années, et pourrait bien apporter le coup de fouet tant nécessaire aux économies locales et nationales. Mais lorsqu’elle est mal faite, elle peut détruire des régions de beauté naturelle et les moyens de subsistance des fermiers locaux.
Notes aux editeurs:
1. Estimant 151 Mg C/ha (biomasse aérienne et biomasse souterraine) pour une couverture de la canopée au-delà de 30% (Saatchi et al. 2011. PNAS 108:9899-9904), ce qui serait le cas pour la forêt à canopée fermée dans la zone de concession. Basée sur les estimations de carbone de US Environmental Protection Agency.
3. La note de briefing de Greenpeace International sur la production d’huile de palme.
Origine: African Press Organization
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